LIVRES

Agnès Thurnauer : les circonstances ne sont pas atténuantes

La peinture comme espace de performance qui garde la trace des improvisations et des digressions. Des toiles qui témoignent des expérimentations de l’artiste, et des objets accumulés (textes, cartes, photocopies annotées, etc.) qui réfléchissent le processus créateur.

— Éditeur : Palais de Tokyo, Paris
— Année : 2002
— Format : 28 x 18,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 130
— Langue : français, anglais
— ISBN : 2-84711-014-3
— Prix : 18 €

Lire l’article sur l’exposition de l’artiste au Palais de Tokyo
Lire l’article sur l’exposition de l’artiste à la galerie Ghislaine Hussenot

Présentation

Née en 1962, Agnès Thurnauer vit à Paris et travaille à Ivry, dans un atelier avec vue sur le périphérique. Pour elle, le tableau est un espace de dialogue contemporain qui se nourrit des éléments divers et parfois contradictoires de la vie moderne pour former un ensemble continu, interconnecté.

L’exposition du Palais de Tokyo rassemble différents tableaux, dont de grands formats accrochés au mur ou présentés sur un socle horizontal. Ces œuvres sont associées à deux vidéos et à une accumulation de notes, de textes et d’images qui recréent par transposition l’atelier de l’artiste. Espace de convergence, l’atelier d’Agnès Thurnauer est représentatif de sa manière de travailler, car il réunit une multiplicité d’éléments et d’expériences qui, plus tard, vont trouver leur place dans ses tableaux : passages de textes, notes provenant de conversations, affiches trouvées dans la rue, cartes postales. Les peintures sont une matérialisation du mode de fonctionnement de l’esprit, qui relie de multiples objets apparemment sans rapport et les différents sens qu’ils peuvent susciter. La ville est une toile de fond divergente et prolifique comme une source permanente de rencontres. Les veines bleutées d’une main de femme aperçue dans un bus et un article de journal sur l’épidémie du sida se conjuguent dans un tableau figurant une forêt de veines criblée de points rouges évoquant le nombre de victimes.

Chez Agnès Thurnauer, les méandres de la pensée prennent souvent corps dans la représentation d’architectures flottantes. Les esquisses de pièces, de voûtes et de maisons sont des structures récurrentes qui ouvrent l’espace pictural et semblent nier ou renier la surface de la toile pour ouvrir à des espaces intermédiaires. Les peintures ne sont plus des objets finis, autonomes, mais un moyen de faire passer un flux de pensées entre l’artiste et le spectateur. « La peinture n’est pas une fenêtre, un périmètre autre. C’est un lieu « entre ». C’est un lieu de liens, de rencontre et non de rupture. Le tableau est un médiateur. » Le titre de l’exposition, « Les circonstances ne sont pas atténuantes », renvoie à cette ouverture permanente du tableau où tout devient un sujet potentiel et où rien n’est contingent. Toutes les œuvres sont exécutées sur de la toile libre, ce qui permet à l’artiste de travailler par terre ou des deux côtés de son support. Le cadre n’est défini qu’a posteriori, comme pour laisser à l’esprit une liberté de manœuvre maximale. En ce sens, les tableaux d’Agnès Thurnauer peuvent être considérés comme des performances qui consignent les improvisations et les digressions de l’esprit tandis que celui-ci se fraie un passage à travers les zones multiples et contrastées du monde dans lequel nous vivons.

(Texte publié avec l’aimable autorisation du Palais de Tokyo)

L’artiste
Agnès Thurnauer est née en 1962. Elle vit à Paris et travaille à Ivry.

Les auteurs
Nicolas Bourriaud et Jérôme Sans sont directeurs du Palais de Tokyo, site de création contemporaine à Paris.