ART | EXPO

A quoi tient la beauté des étreintes

30 Jan - 27 Mar 2016
Vernissage le 30 Jan 2016

Préférant l’idée d’étreintes à celle de mise en scène des œuvres, le Frac Auvergne présente 65 œuvres de sa collection, de Philippe Cognée à Nan Goldin, en passant par Sarkis, Davind Lynch ou Enrique Ramirez. La complémentarité, la confrontation ou le dialogue des œuvres invite à la relecture et à la vibration affective.

Adam Adach, Ghada Amer, Marc Bauer, Abdelkader Benchamma, Damien Cadio, Claire Chesnier, Philippe Cognée, George Condo, Jean-Christophe De Clercq, Rineke Dijkstra, Richard Fauguet, Pius Fox, Fabienne Gaston-Dreyfus, Gilgian Gelzer, Agnès Geoffray, Nan Goldin, Ron Gorchov, Rafael Grassi-Hidalgo, Camille Henrot, Silvia Hestnes, Raoul de Keyser, Yuri Kozirev, David Lynch, Stephen Maas, Maude Maris, Manuela Marques, Sara Masüger, Yan Pei-Ming, Pierre Moignard, Silke Otto-Knapp, Ed Paschke, Jean-Pierre Pincemin, Eric Provenchère, Enrique Ramirez, David Reed, Claude Rutault, Yvan Salomone, Bojan Sarcevic, Sarkis, Andrew Seto, Kimber Smith, Loredana Sperini, Claire Tabouret, Volker Tannert, Achyara Vyakul, Anne Wenzel, Simon Willems, Marie Zawieja
A quoi tient la beauté des étreintes

«La grande question qui parcourt la constitution de toute collection – surtout lorsqu’elle est publique – est d’être en capacité de réunir des œuvres autour de quelques problématiques fortes afin de structurer un propos cohérent et de pouvoir imaginer que ces œuvres puissent dialoguer par petits ensembles, s’invectiver, se répondre dans le contexte de leur exposition scénographiée. Imaginer une exposition à partir d’une collection revient en quelque sorte à provoquer des étreintes, des accolades affectives fondées sur des familiarités entre artistes qui s’estiment, sur des œuvres concernées par des réflexions communes, fondées aussi sur des rapprochements formels ou chromatiques inattendus, voire improbables, susceptibles d’engendrer d’autres formes de lectures.»

«La beauté des étreintes naît de cette fusion temporaire où chacune des parties se mêle aux autres tout en conservant ses qualités propres. En effet, si deux œuvres possèdent des particularités uniques, si elles ont été respectivement créées dans un souci d’autonomie, leur mise en relation dans un même espace provoque l’éclosion d’un état supplémentaire. L’étreinte formée le temps d’une exposition par des œuvres distinctes est fertile. Elle produit autre chose que la simple somme de ces œuvres. C’est ce que toute exposition doit s’efforcer de mettre en évidence, dans une relation affective aux œuvres et aux artistes qui les ont créées.»
Jean-Charles Vergne, directeur du Frac Auvergne

Bien qu’appartenant à deux générations différentes, Sarkis et Enrique Ramirez œuvrent tous deux pour la transmission d’une mémoire fondée sur les épisodes violents de l’histoire de leurs pays natals respectifs, à savoir le génocide arménien de 1915 pour le premier et la dictature militaire d’Augusto Pinochet au Chili pour le second. Ces deux œuvres, bien qu’ayant été réalisées et acquises à plus de vingt ans d’intervalle, entretiennent un étonnant dialogue dans la manière dont les deux artistes envisagent le traitement d’une réalité politique par une approche poétique.

Au risque d’un télescopage approximatif, le rapprochement de la peinture de Maude Maris et des trois aquarelles d’Yvan Salomone obéit à l’étrange et enthousiasmante analogie que ces œuvres entretiennent les unes avec les autres, tant sur un plan purement chromatique que dans le processus utilisé par chacun des artistes pour les réaliser, selon un protocole ou une somme de règles du jeu déterminées en amont.

Comme une forme d’hommage à la grande sincérité du propos de Franz Schrader et à la leçon de regard qu’il offre sur ce que sont perception et sensation, est réuni un ensemble d’œuvres dont le point commun consiste à traiter du paysage de montagne, soit de façon très directe, comme c’est le cas pour Marie Zawieja, Adam Adach ou Marc Bauer, soit de manière plus allusive comme le propose la vitrine de Bojan Sarcevic.

«Les étreintes dont il est question dans cette exposition concernent donc autant la manière dont les œuvres s’étreignent que la vibration affective qui nous invite à “embrasser” ce qui se donne à voir, ce qui “s’exhibe” (en anglais, exposition se traduit par “exhibition”). Mais de la même façon que nous ne tombons pas amoureux de chaque personne que nous rencontrons, nous n’étreignons pas toutes les œuvres que nous voyons et il convient d’accepter que certaines ne puissent coïncider avec ce que nous sommes, soit parce que nous n’y sommes pas encore suffisamment préparés, soit pour de simples questions d’affinités électives. Alors, en tant que spectateurs parfois irrémédiablement touchés par ce que nous voyons, nous devons nous poser la question de savoir “à quoi tient la beauté de nos étreintes”.» — Jean-Charles Vergne

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